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samedi 18 septembre 2010

Le grand manège. ( 4 septembre 2010 )


La veille j’avais passé près de deux heures avec Sylvain, sur Skype, pour voir comment fixer mes sacoches. On a regarder différentes possibilités, et puis finalement le moyen retenu a eu un sacré test au cours de la journée.


L’itinéraire prévu pour la journée voulait que je remonte la côte jusqu’à Fécamp afin de faire une portion de la route que je n’avais pas fait en faisant Dieppe-Rouen, puis je serais redescendu jusqu’à Tancarville afin de prendre le pont et traverser jusqu’à Honfleur. Bon, mauvais plan, car le vent sur la côte était terrible, et de face, bien sûr. Encore un plan B. Plan B ? Traverser maintenant le pont vers Honfleur. En lisant mon guide, je me suis rendu compte que je pouvais traverser le pont de Normandie en vélo. Ouch ! Ah oui ? Cela me faisait sauver près de 50km, presque une journée. Une chance que je n’avais pas tout à fait conscience de l’aventure dans laquelle je me lançais.


Avant cela, je me suis arrêté dans un Mc Do pour un petit breakfast. J’ai commandé des pancakes. “ Des pancakes, c’est des crêpes ? “ que j’ai demandé à la gentille serveuse. “ Euh ! C’est des pancakes “ Bien sûr, et à peine de la grosseur de ma paume. Une chance que ça venait avec un café américain et un jus d’orange ; environ 5 ou 6 dollars. “ Vous savez, en France on n’est pas très porté sur les petits déjeuners “ m’a confié un type que j’ai cru deviné être le gérant. Ouais, je vais m’en souvenir.


Bon, il était temps de me lancer à l’assaut du pont de la Normandie. Comment s’y prendre ? Bien sûr, en suivant les indications. En partant de Le Havre, la route est assez terrifiante. Je suis sorti à Harfleur ; je ne voulais plus rien voir. Harfleur est une petite ville qui a conservé son cachet médiéval. C’est une ville qui semble très charmante, mais je n’étais que de passage. De Harfleur, il est plus facile de rejoindre la route du pont, mais on a encore un bon 10 km à pédaler sur une voie de type autoroute alors que les véhicules roulent à pleine vitesse à côté de nous. Je n’étais pas sûr d’être au bon endroit, mais tant qu’on ne me disait pas de rebrousser chemin, j’étais déterminé à continuer.


En fait, il y a deux ponts à traverser, le pont de Normandie, et l’autre, juste avant. En tout, les deux ensemble ça fait environ 6 km. Je me serais bien épargné de l’autre juste avant. Quelques jours plus tard j’ai croisé un couple de britanniques qui s’étaient sauvés de ce premier pont en passant par la route du port, et ils ne connaissaient pas leur grande chance. “the road was so boring” qu’ils m’ont dit en parlant de la route du port. “Yes, but you didn’t had to cross that first bridge ; it was a really terrible bridge.” Les deux se sont regardés, se demandant s’ils n’avaient pas traversé le premier pont. Je voulais les battre ; S’ILS AVAIENT TRAVERSÉ LE PREMIER PONT, ILS S’EN SERAIENT SOUVENU, STIE, POINT À LA LIGNE, TAB. Maudits anglais.


Lorsque l’on arrive devant le premier pont, ça monte à pic, très à pic, et il n’y a pas de voie réservée pour les vélos. Oui, bien sûr, bienvenue les vélos, mais aucune sécurité, comme en Virginie. Alors j’ai poussé, et poussé, jusqu’au sommet, et puis là ça s’est mit à descendre, avec une belle courbe en prime. J’ai dû user la moitié de mes freins sur ce pont, mais je n’ai jamais été capable de freiner suffisamment pour éviter les joints qui relient la route du pont à la route terrestre. Quelle folie ; en pleine descente, sans avertissement, des joints d’acier avec des espaces larges comme une roue de vélo. Le choc fut brutal. Ma roue avant a cogné le métal tellement fort que j’ai cru qu’elle était pour fendre, ou que mon pneu était pour se casser. Mais non, je n’ai même pas eu de crevaison. J’ai déjà eu une crevaison en sautant une chaîne de trottoir, et là, rien. Va comprendre. Ouf ! Entre les deux ponts, je me suis arrêté pour grignoter un peu et me remettre de mes émotions. Au moins, si j’avais une crevaison lente, mieux valait que je le sache avant d’embarquer sur le pont de Normandie. J’ai attendu, pris le temps de filmer les ponts, de respirer, de manger, de jaser avec des gens ; le pneu restait solide. Tant mieux.


Le pont de Normandie lui-même est plus sécuritaire que l’autre pont dont j’ignore le nom mais que j’aimerais baptiser “le pont des fous” ( Je sais pas si ça va passer avec Sarko. ). Le pont de Normandie a une inclinaison moins prononcée et a une bande passante pour les vélos et une autre pour les piétons. Des piétons ? Et oui ; il y a des gens qui stationnent entre les deux ponts et qui se paient une visite à pied sur le fameux pont. Bon, en tout cas, la traversée de ces ponts vaut bien une journée de manège à la Ronde.


Après le pont, on fait quelques km et puis on arrive à Honfleur, avec sa nuée de touristes qui trouvent la petite ville “so charming”. En effet, Honfleur a bien conservé son cachet médiéval, avec une grande marina aux reflets si colorés, mais je suis arrivé là un samedi, et tous les hôtels étaient pleins. Alors j’ai continué, sans plus m’en soucier, car la journée était belle et il était encore tôt. Je me disais que je trouverais bien quelque chose. Mais pédaler sur cette côte n’est pas évident ; c’est une route toute en montées et descentes, très dur pour les jambes, et puis, en fait, on ne voit pas grand chose de la côte car la route est bordée d’arbres et de résidences privées. Pas très pittoresque.


Enfin, je suis arrivé devant une gare de chemin de fer, très en évidence, à Deauville. Au centre d’informations touristiques, les agents étaient débordés par l’affluence des touristes, et ils ne cessaient à qui voulait les entendre de répéter que toutes les chambres, et ce sur toute la côte, étaient réservées. Inutile de préciser que, en plus, on avait augmenté le prix des chambres. Non seulement était-on samedi, mais c’était aussi le début du festival du cinéma américain. Inutile de continuer car je ne trouverais rien plus loin, et mes jambes étaient mortes. Bon, retour à la case Gare de train. Un peu à contre-coeur j’ai pris un billet pour Caen, avec transfert à Lisieux. En chemin j’ai jasé avec un français qui avait à peu près le même genre d’emploi que moi. Il me parla des trains, qui semblaient le passionner, des effets que la dernières guerre on eut sur les villes côtières, dont Caen, des différences de culture et de relief de part et d’autre de l’Orne, un fleuve qui serpente au milieu de Caen. Après Le Havre, le pont de Normandie, la côte fleurie, j’étais maintenant à Caen, tout cela dans la même journée. Ça faisait beaucoup à assimiler.


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