

Nantes ( 22 - 23- 24-25 septembre )
Un autre matin glacial. Je m’attardai devant le château, pas pressé de me faire geler. Je me suis préparé tout doucement. Un petit coup de balai, puis détour par le camping pour saluer le responsable. Celui-ci connaissait tous les recoins de sa ville, alors il me suggéra une piste derrière le gîte ; petite route tranquille à l’abri des voies rapides. Puis je filai vers Nantes, sans rien de particulier à signaler, sinon que j’évitai le foutu chemin de hâlage. C’est un peu triste, car beaucoup de villages sur le parcours du chemin de halage aimeraient bien ainsi attirer une nouvelle clientèle, mais ce n’est pas encore au point. À tout le moins, il faudrait remplacer cette exécrable pierraille par de la poudre de roche et bien tasser le tout.
La banlieue nord de Nantes est interminable, mais je ne devrais pas me plaindre, car Nantes n’est pas Rouen, mais ce n’est pas Rennes non plus. À l’approche du centre-ville, on est saisi par le spectacle assez féerique des grandes artères et aussi des places aux grandes fontaines où vont se reposer quantité de gens. Le soleil était de retour. On était à l’heure du repas du midi. Le centre-ville était submergé de gens qui s’empressaient d’embarquer dans les tramways silencieux qui filaient dans toutes les directions. Il y avait beaucoup de jeunes dans la foule, et d’autres, plus âgés avec malette.
Le premier aperçu de Nantes est à couper le souffle, mais lorsque le centre-ville se vide, il ne reste que les cicatrices des rails de tramways. Le tramway, c’est un choix, très légitime, sans doute. Le tramway est de retour en force dans plusieurs villes de France, mais il laisse un air tristounet à une ville vide. Pour compenser, Nantes a de larges boulevards avec de nombreux arbres et puis de très grandes aires de détente, mais cela ne semble pas suffisant pour créer un sentiment d’appartenance. Une ville qui n’a pas l’affection de ses résidents est branchée sur un respirateur artificiel.
Le HI est situé à l’est du centre-ville, dans un quartier populaire qu’on appelle la “Manu”, Manu comme dans Manufacture. La vie communautaire y prend une place prépondérante. On y valorise le rôle des simples ouvriers. De larges photos de travailleurs anonymes sont affichés sur les murs extérieurs, et puis au milieu de la place il y a la scupture non revendiquée d’une ouvrière qui pourrait commémorer le travail trop peu reconnu de toutes les femmes travailleuses.
La Manu est située à la frontière entre le centre-ville et les vieux quartiers qui ont dûs se construire pendant l’entre deux guerres, ou un peu avant, je croirais. Il vaut mieux se déplacer à pied dans ces vieux quartiers, parce que les rues sont étroites et les autos ainsi que les scooters y circulent de façon très anarchiques, embarquant souvent sur les petits trottoirs pour se stationner.
Le centre-ville, quant à lui, se fait assez aisément en vélo, mais il faut toujours se méfier lorsque l’on traverse les rails des tramways, car ceux-ci sont très silencieux et n’avertissent que très peu de leur approche. J’ai vu des gens traverser les rails sans regarder, mais moi je regardais deux ou trois fois, juste au cas où. Oui, oui, je suis ainsi peureux. Mais je sais qu'un tramway, ça frappe. On retrouve des pistes cyclables ou, encore, des bandes passantes, dans toutes les directions. On se laisse ainsi facilement entraîner sur les bords des canaux aux petites péniches ; très dépaysant.
Jules Verne est né à Nantes, sur l’île Feydeau, qui n’est plus une île, et il est la grande fierté de tous les nantais, de cela, il ne faut même pas en douter. Sur l’île de Nantes, face à Nantes, on retrouve un genre de musée, qui n’est pas un musée, ni un parc d’attraction, et qu’on appelle “ Les Machines de l’île “, où de gentils “patenteux” un peu excentriques, se sont amusé à construire des machines que Monsieur Verne avait imaginé dans ses romans. En écoutant les commentaires de l’animatrice, on comprend à quel point l’héritage de “Jules Verne” ainsi que la ville de Nantes sont imbriqués. Pour accéder au site, il est préférable de prendre la petite passerelle piétonne qui mène à l’île de Nantes. Faut pas faire comme moi, quoique que, en faisant tout le tour et en me rendant jusqu’à Rézé, il m’a fallu revenir à revers, et ainsi j’ai découvert le quai des Antilles avec ses grues géantes et ses bistros sympas. L’endroit propose une balade agréable avec vue surprenante sur Nantes.
La ville de Nantes offre différents forfaits pour les touristes. J’ai pris celui à 18 euros qui m’offrait un accès gratuit de tous les musées, ainsi qu’à un autobus à touristes et au tramway, et ce pour 24 heures. Bien sûr, j’ai commencé la journée par la visite du château d’Anne de Bretagne. Nantes est la ville de Jules, mais c’est aussi celle d’Anne. Le château vaut la visite. Il y avait une exposition concernant les liens entre la France et la Chine à l’époque des colonies. Cette exposition en disait long sur certains traits de caractères des français.
Puis, j’ai voulu continuer par la visite guidée de la ville, mais un autobus était en panne et l’autre ne débutait pas avant 14h. Bon, ce fut le musée des beaux-arts, qui m’a quelque peu déçu. Je crois que je commence à en avoir assez de ces peintures naïves qui décrivent des bondieuseries. Je crois de moins en moins que cela puisse être de l’art. En tout cas, ça me tape de plus en plus sur les rognons. On retrouve ce genre bêtise dans tous les musées, mais, pour moi, ce n’est pas de l’art. En tout cas, ça n’apporte rien de plus à l’art. Si ces peintures sont là pour témoigner d’une époque, alors il faudrait présenter une contrepartie. S’Il n’y avait pas de contrepartie, alors l’époque représentée vivait en dictature spirituelle. Plus loin il y avait des tableaux des surréalistes, avec Kandinsky en tête. Lui aussi me tape de plus en plus sur les nerfs avec ses miniatures précieuses. Décidément, ce n’était pas ma journée. Et puis le musée était assez défraîchi ; il aurait besoin d’un sérieux “facelift”.
Par la suite j’ai visité un petit musée de l’imprimerie, et ce fut un très grand bonheur. C’est étrange que de voir des jeunes se montrer aussi passionnés pour des machines du passé. Notre guide était tout heureux de se retrouver les mains pleine d’encre afin de démontrer comme on s’y prenait pour imprimer, que ce soit à l’époque de Gutenberg, ou dans les âges plus récents. Passionnant. En espérant qu’ils pourront se trouver un local plus large afin d’y installer toutes leurs machines.
Nantes est une ville qui a beaucoup à offrir pour les touristes, mais je n’ai pas eu le coup de foudre pour cette ville comme ce fut le cas pour Rennes. Nantes est une ville de contrastes très tranchés, et non en fines nuances. Ce n’est pas une ville où les gens nous traitent comme si on faisait parti de la famille. Ici, on ne trompe personne ; on n’est toujours que de passage. Est-ce que je reviendrais à Nantes ? Sûrement, mais pas seul, afin de me sentir moins seul.