Blain ( 21 septembre )
J’ai attendu quelques rayons de soleil avant de quitter, et puis j’ai rejoint Redon assez rapidement, mais Redon est lente à s’éveiller ; impossible d’y prendre un petit déjeuner. “ Des crêpes à 11 heures ? Mais il est trop tôt, et puis mes fours ne sont pas encore ouverts. “ Bon, pas de crêpes. Redon vit à l’ombre de Rennes et Nantes ; grande ville avec un tout petit quartier moyenageux, une petite marina et d’immenses centres commerciaux en périphérie. C’est une ville respectable, mais je n’avais pas à m’y attarder, d’autant plus que l’info touristique était fermé les mardi matin.
De là, j’ai eu l’idée folle d’emprunter le chemin de halage qui relie Brest à Nantes. Un chemin de halage longe un canal sur toute sa longueur. À l’époque des bâteaux à voile, c’est par ces canaux que se déplacaient des navires, dont la flotte impériale. En se déplaçant à l’intérieur des terre ils étaient à l’abri des attaques ennemies, surtout anglaises. Des chevaux traînaient les navires et les carioles qui suivaient laissaient deux sillons derrière elles. Avec l’avènement du moteur, ces chemins sont devenus désuets. Ils ont perdus leur utilité jusqu’à l’avènement des vélos modernes qui permettent aux gens comme moi de se véhiculer sur de grandes distances. Alors quelqu’un a eu l’idée d’en faire des autoroutes à vélo. L’idée est intéressante, sauf que le quelqu’un en question n’a pas compris que le vélo ce n’est pas un cheval. Donc, ce chemin de halage que l’on dit cyclable est essentiellement constitué de cailloux, de gros cailloux, sur un sol de poussière, ce qui fait qu’il est assez pénible de circuler sur ce genre de piste, surtout lorsque l’on est chargé comme un mulet ( blague ) comme je l’étais. À chaque coup de pédale je vivais avec l’angoisse de percer un pneu, ce qui fait que j’aurais été sans ressources dans un endroit isolé où personne ne circulait.
Après une dizaine de km sur cette piste de misère, j’ai pris la première sortie qui s’est présentée. Je suis apparu au bout d’une rue où une gentille dame est venue vers moi pour m’indiquer la direction à prendre pour rejoindre la route principale et puis elle m’a même offert une grosse bouteille d’eau ; un ange. Aux USA, la dame se serait réfugiée dans sa maison en me voyant, et elle aurait appelé la police, juste au cas où, et puis une patrouille serait venue voir, juste au cas où. Bon, après 6km je rattrappais la D164 et filai sans plus me tracasser. Vers 3h je croisai la ville de Blain. Je m’informai à tout hasard pour savoir s’il n’y aurait pas un gîte d’étape. Oui il y en avait un, et ce fut comme si j’avais gagné le gros lot. Pour 9 euros j’eus droit à une maison entière pour moi tout seul. Tout était neuf, avec lumières qui s’allumaient automatiquement sur mon passage, et grande cuisine, et chambre neuve avec édredon de deux pouces ( environ 5 cm ) très chaude, cour arrière avec boyau d’arrosage pour nettoyer mon vélo plein de poussière, et cordes à linge pour suspendre mon linge après avoir fait un lavage à la main. Pas de soucis. Encore plus devant la maison j’avais un château de conte de fée. C’est la première chose que je voyais par la fenêtre en me levant.
Bon, je vais vous expliquer ce qu’est un gîte d’étape. Ce genre de logement s’adresse à des pèlerins, ( entre autre ceux qui font le chemin de Compostelle ) ainsi qu’à des gens qui voyagent en vélo ou à cheval, bref, à des gens qui voyagent d’une étape à l’autre. Les gens en auto sont disqualifiés. L’idée c’est de ne pas faire concurrence aux hôtels de la région, sauf que souvent ce genre d’endroit est situé dans des petits villages qui ont peu de ressources. Les villages consacrent beaucoup d’efforts et d’argent pour construire ce genre d’endroit. Cela influe un peu d’argent supplémentaire à la communauté. Je n’ai rien contre.
Alors, si on veux savoir si un village a un gîte d’étape, on s’informe sur le site internet www.gites-refuges.com, mais le site n’est pas aménagé de façon très interactive, alors il est difficile de s’y retrouver. Aussi, si on ne sait pas, on peut s’arrêter en chemin et demander à la mairie avant que celle-ci ne soit fermée. Blain est une ville assez importante, elle avait donc aussi un centre d’information touristique où une gentille dame a pu rejoindre le responsable, très affable et très aimable. Il s’occupait aussi du camping, le tout propriété de la municipalité. Enfin, mon séjour à Blain fut agréable, et surprenant. La fin de semaine suivant mon séjour, il y avait un genre de festival médiéval avec tournois de tir à l’arc etc... J’ai raté l’occasion, mais avis aux intéressés. C’est à chaque année, à peu près à la même période, tout juste devant le gîte.

