6 août 2010
Le vieux cimetière
Toujours à pied. Aussi bien en profiter pour aller visiter le cimetière du père Lachaise, qui est tout près.
L’accès est gratuit. Il y a bien des gens devant l’entrée, mais ils ne font que vendre des cartes des lieux pour deux euros. Moi j’ai la carte que Sylvain avait acheté, au début des années ’90. Le cimetière n’est pas encore un site touristique avec des ballons, des parasols et des clowns. Non, c’est encore un cimetière, mais qui attire quantité de touristes, comme moi.
C’est aussi un lieu de repos, propice à la réflexions. Tous ces gens si importants à leur époque et desquels il ne reste qu’une stèle, sont tous égaux aujourd’hui, Cela me fait songer à Stanley Kubrick, lui aussi décédé. Ainsi défilent des généraux d’empire ou des officiers de Dien Bien Phu, des comédiens, des dramaturges, et de acteurs et tout un tas d’artistes, de toutes les époques, mais aussi des gens ordinaires que seuls leurs proches ont pleurés.
Dans ce cimetière, on se déplace furtivement afin de ne pas trop déranger les morts. On peut bien les visiter, leur offrir un peu de réconfort dans leur mélancolie, mais faut pas les déranger. Il n’y a que Jim Morrisson qui attire encore les foules. Rock star dans la vie, Rock star dans la mort. Je crois que cela lui sied bien. On a mis des clôtures tout autour de sa tombe. Pour l’approcher, plusieurs piétinent des tombes d’illustres inconnus sans le moindre égard. Non, Jim, c’est vraiment la Rock star du cimetière.
La tombe de Raymond Radiguet est disparue. Phénomène de la littérature française, émule de Jean Cocteau, décédé à l’adolescence. Sans doute était-il trop turbulent et qu’il avait la fâcheuse manie d’importuner ses voisins d’étage ( Sa tombe était à mi-chemin d’un escalier ).
Molière et La Fontaine sont côte à côte pour l’éternité. Il y avait une femme qui les filmait. Je n’ai pas osé me déplacer dans son champ. Alors j’ai attendu, la regardant à la dérobée. Elle avait de superbes jambes. Lorsqu’elle eut terminé, elle se tourna vers moi et me dit “ Gracias “ Elle avait un superbe sourire. Elle était superbe. Ouf ! Je lui ai dit timidement que tout était bien. Parmi tous ces morts, je me suis sentis soudain un homme, très vivant.
J’ai visité à peine la moitié du cimetière, et trop rapidement. Cette visite fut très troublante, pour toutes sortes de raisons. C’est étrange, un peu comme les vivants, il y a des morts qui vieillissent bien, et d’autres qui sombrent dans l’oubli. Bien sûr qu’ils sont tous là à perpet, mais il y en a qui semblent s’amuser de la situation. La nuit, alors que tous les vivants leur ont foutu la paix, je suis sûr que eux ils font la fête ; après tout, ce sont surtout de français qui sont là.