Direction Blanquefort ( la peur que le ciel ne me tombe sur la tête, vraiment ) ( 8 octobre 2010 )
Le lendemain, mon oeil avait pris un peu de mieux, mais il était encore irrité. Je devais le fermer lorsque j’étais trop exposé au vent, ce qui n’était pas très sécuritaire, d’autant plus que sur les 9 premiers km j’ai pédalé sur une route assez dangereuse avec des camions qui circulaient à toute vitesse et des tracteurs de ferme qui en prenaient large sur la route. La route n’avait pas d’accotement, ce qui me rendait encore plus vulnérable.
Sur la route, il y avait une substance visqueuse qui faisait que les cailloux et la poussière collaient à mes pneus. Cela m’inquiétait, car cela aurait pu m’occasionner une crevaison. Je ne connaissais pas la nature de cette substance, jusqu’à ce qu’un camion ne déverse une partie de son fret en empruntant une courbe à vitesse ; c’était du purin. Ouach !!! Et puis si un de ces camions prenait un courbe à pleine vitesse dans mon sens de la route, je risquais de recevoir ça sur la tête. En fait, s’il avait fallu que je reçoive ça sur moi, j’aurais été tout couvert de purin. Ouach de ouach !!!!
Bon, non seulement j’avais un oeil fermé et craignais-je de recevoir quelque chose dans l’autre oeil, car le vent n’avait pas vraiment faibli, mais maintenant je risquais aussi de recevoir une décharge de purin sur la tête. Quelle belle journée à pédaler sur les petites routes de France...
Après une vingtaine de km, j’ai rejoint Etauliers, petit village aussitôt oublié. De là j’aurais pu couper vers Blayes, mais je pensais que cela aurait allongé mon trajet. Belle erreur. Alors j’ai poursuivi tout droit vers Bordeaux. J’ai continué de pédaler au milieu de nulle part, avec un fort vent de face, et d’interminables côteaux à traverser. Par contre il faisait chaud, et encore plus lorsque je devais pousser mon vélo. J’ai enlever mon veston, mais je me suis gardé un petite gêne en conservant mon polar.
Après 50 km je suis arrivé en banlieue de Bordeaux, et là c’était l’impasse. Tout d’un coup, sans avertissement, la route s’est transformée en autoroute, sans qu’il n’y ait d’indications interdisant aux piétons ou au cyclistes d’emprunter la bande passante, car, là, il y en avait une. Une auto s’est arrêté pour me crier : “ Hey, tu n’a pas le droit d’être sur cette route. Si les bleuets te chopent ils vont t’embarquer. “ Les bleuets ? Des gens du Lac-Saint-Jean ? Ici ?
Bon, j’ai fait demi tour, et c’est là que j’ai vu, au niveau du sol, une petite pancarte avec une icône d’autoroute ; il fallait comprendre que la route devenait maintenant une autoroute. J’étais au niveau de St-André-de-Cubzac, qui était un vrai cul-de-sac. À l’info touristique, la gentille dame était au désarroi de m’aider ; il n’y avait pas de piste cyclable pour aller à Bordeaux, et pas de pont non plus, et puis la route était un vrai dédale ; selon Google, c’était un 33km à faire en 2h30. Elle me remit l’imprime-écran du trajet mais aussi une carte de la région. La première chose que je remarquai sur cette carte, c’est qu’il y avait un bac au niveau de Blayes qui traversait la Gironde ; cela m’aurait fait économiser beaucoup de soucis.
Mais là j’étais dans l’impasse ; il ne me restait que le train. J’y arrivai juste à temps pour le départ vers Bordeaux, mais, de là, il me fallu attendre 1h45 pour le suivant vers Blanquefort. J’ai poiroter ainsi sur les quais, à lire et à prendre des notes. Les quais d’embarquement devaient être affichés une vingtaine de minutes avant les départs, mais c’était sans compter les moyens de pression des syndiqués ; les quais n’ont été annoncés que sept ou huit minutes avant les départs, ce qui fait que ce fut un chaos sans nom partout dans la gare. J’ai dû descendre un escalier avec mon vélo et mes bagages, traverser un passage où c’était la cohue la plus folle, et puis remonter à l’autre bout. Il y avait tellement de gens qui se précipitaient en tous sens et puis moi je ne savais pas où me diriger. Je ne trouvais pas d’indication. Je me suis mis à bleugler comme un âne ( un âne ? ) pour savoir si quelqu’un savait où ou se trouvait mon quai d’embarquement. Sur les bancs, il y avait des gens ahuris qui me dévisagèrent avec de grands yeux surpris. Moi-même je me surprenais d’être aussi hors de moi. Puis un type pointa une direction de son doigt et me dit : “ c’est par là “. Je lui criai un gros “ merci ! “ puis me dirigeai vers mon foutu train. Là, il y avait les cheminots qui jasaient entre eux avec un petit sourire en coin. J’avais envie de leur crier : “ Bande d’imbéciles ; vous vous penser comiques ? “ mais ça aurait risquer de déraper drôlement, alors je me suis contenu. En tout cas, même si ce sont des confrères syndiqués, ce sont des imbéciles. Je reviendrai plus loin sur les raisons de ces moyens de pression.
Je suis arrivé vers 18h au HI de Blanquefort. À 20h, le secrétariat fermait pour la fin de semaine. Si j’étais arrivé après, je n’aurais pas pu entrer. Ce HI fut une bénédiction pour moi, un hâvre de paix où j’ai pu me refaire une santé.


